Hommage à Fred Martinache, ancien secrétaire national du CCFD et premier président laïc de la CIDSE.
Paris, le 11 janvier 2013
Très jeune, Fred était animateur en région natale, les corons situés autour de Lens dans le Pas-de-Calais. Dès son entrée en JOC, il s'est intéressé à l'enfance populaire. C'étaient des gosses d'un quartier qui se sont retrouvés naturellement entre eux. Fred les suivait pour parler de la préparation à la vie, au travail, à l'amour bref à la vie qui attend.
L'éducation populaire, celle qui est capable de forger le raisonnement, de critiquer, de pratiquer la citoyenneté dans les fonctions sociales, d'acquérir les valeurs morales était ancrée en lui et il la rayonnait. Représentant la JOCI à l'UNESCO, il a acquis rapidement une influence importante auprès de cette institution des Nations Unies consacrées à la science et à la culture. Cette responsabilité lui a fait comprendre l'importance de la culture dans le processus de développement.
La création du Centre de Formation et d'Échanges Internationaux (CFEI) a été possible grâce à un JOC de l'époque et à une voyance de Fred, y compris pour les avoirs à terme.
Au CCFD, il est arrivé en 1964, après avoir été de ce petit groupe de Mouvements d'Eglise qui réfléchissait depuis 1960 pour la création d'un organisme tourné vers le Tiers-monde. Comme tous les dirigeants de l'époque, il était porteur d'une forte expérience par l'engagement dans la société et dans l'église. Il a formé un tandem formidable avec Philippe Farine, le premier président laïc du CCFD qui venait des secrétariats sociaux et de l'engagement politique. Philippe Farine était le plus jeune député de la Constituante en 1945, convaincu et flamboyant comme un méridional. Philippe a trouvé en Fred l'homme du Nord, convaincu, organisé, persévérant, sachant que sans secrétariat fort, la collégialité naissante des mouvements d'action catholique et services d'églises, prévu du mal à travailler ensemble. Pari réussi avec l'aide du Père Giraud, aumônier, et de Monseigneur Ménager qui a convaincu les évêques de soutenir la croissance de cette collégialité de laïcs, au-delà d'une campagne d'année non renouvelable, prévue au départ. Fred a également été le premier président laïc de la CIDSE. En 1999, cette organisation internationale regroupant des ONG catholiques de développement a fêté ses 30 années d'existence et il avait rappelé à cette occasion que «la rigueur nécessaire pour construire des institutions ne supprimera pas le cœur, l'amitié, la dimension humaine et spirituelle ».
Plaidant for qu'on écrive l'histoire de la CIDSE, Fred explique église, ni des technocrates. Ils venaient d'engager dans les réalités de leurs pays: mouvement de jeunesse, d'éducation, de syndicat, de partis politiques…. »
C'est Monsieur Sen d'Inde, premier directeur général de la FAO venant du Tiers-monde, qui a perçu ce bouillonnement associatif, cette capacité créative, et qui a lancé le premier appel contre la faim. Jean XXIII a prolongé et élargi cet appel auprès des catholiques. Cette période enthousiasmante a permis de lire l'action à la base, l'action nationale et internationale avec la décolonisation, la grande vitalité des mouvements d'action catholique et les services d'église et l'esprit du concile Vatican II. C'est aussi en ces moments particuliers que se révèlent certains hommes et femmes, Fred était de ceux là.
On peut également garder de lui ce que vient d'écrire Michel Wagner. «Tant de liens nous ont unis pendant ces années entre le CCFD et la Cimade. Je ne suis pas prêt d'oublier l'équipe que nous formions avec Philippe Farine, Fred, Jacky Fabre et toi, dans ce printemps conciliaire ».
Fred a ensuite été responsable du Centre de l'OCI à Genève où il a été aidé par le CCFD à être pleinement informé par les organisations des Nations Unies, en particulier par le CNUCED qui respirait encore l'air insufflé par les hommes tels que Che Guevara et le Père Lebret . Gabriel Arnaud a décrit ces beaux moments. Des personnalités, comme Stéphane Hessel et Eric Sottas, ont joué avec CCFD et CIDSE, à prendre leur place dans la vie internationale, sans oublier nos rêves et qui nous étions.
C'est au Centre Lebret que Fred a terminé sa vie professionnelle. On sentait, qu'en lien avec ses trois enfants, il restait ce gars, né parmi les mineurs, et est devenu citoyen du monde et frère en Jésus Christ.
Merci Fred et Adieu.
Ménotti Bottazzi,
Secrétaire général du CCFD de 1975 à 1983