Les femmes au cœur du mouvement de souveraineté alimentaire au Mali - CIDSE
Crédit photo: COFERSA

Les femmes au cœur du mouvement pour la souveraineté alimentaire au Mali

Crédit photo: COFERSA

En marge du système alimentaire industriel, souvent exploitées par de nouveaux moyens de production à forte intensité de capital et ne possédant que très rarement la propriété de la terre qu'elles travaillent, les paysannes ont conscience de l'importance d'exiger et de prendre le contrôle des systèmes alimentaires souverains.

NB: Les opinions exprimées dans ce blog ne reflètent pas nécessairement les positions officielles de la CIDSE.

La position précaire des paysannes dans le système alimentaire actuel ne les a pas empêchées de prendre des initiatives dans les domaines de l'alimentation et de l'agriculture, elle les a plutôt incitées à organiser, développer et promouvoir des alternatives durables et à plaider en faveur de changements de politique.

COFERSA, la convergence des femmes rurales pour la souveraineté alimentaire au Mali et l'un des partenaires de BEDE en Afrique de l'Ouest, illustre de manière exemplaire l'engagement des femmes dans le mouvement pour la souveraineté alimentaire. La convergence, créée il y a six ans, est constituée de coopératives de femmes rurales 36 regroupant des membres de 3,900 dans tout le Mali. Elle vise à promouvoir la souveraineté alimentaire en soutenant les agricultrices dans le plaidoyer et la production agro-écologique. Son approche de la souveraineté alimentaire repose sur la conservation et le contrôle total des semences locales.

Les difficultés rencontrées pour conserver les céréales cultivées avec des engrais chimiques ont convaincu la COFERSA de se tourner vers l'agroécologie. La présence de COFERSA partout au Mali facilite la collecte de semences et a permis au groupe de conserver une grande variété de semences. Les graines collectées sont multipliées dans les champs de l'union. Une fois récoltées, les graines sont conservées dans des fûts, des courges et des greniers selon des techniques de conservation ancestrales. Dès qu'il y aura suffisamment de semences, COFERSA les mettra à la disposition des producteurs maliens afin de leur offrir une alternative aux semences importées dont ils dépendent.

photo formation semences cofersa 2Outre la collecte et la multiplication des semences, le travail de la COFERSA consiste également à diffuser ses connaissances et à renforcer les capacités des femmes rurales en matière de production agricole et alimentaire. La convergence possède 20 hectares de terrain où elle forme régulièrement les femmes aux techniques de l’agroécologie. La production et la diffusion de semences locales, ainsi que la valorisation de leur valeur intrinsèque, font partie intégrante de ces formations, qui fournissent également des connaissances de base sur les droits des agriculteurs et créent des forums d’échange. Avec BEDE, la convergence sensibilise aux avantages de la consommation locale pour une nutrition plus saine. L'idée de cette campagne est née d'un atelier COFERSA organisé à 2011, qui portait sur les impacts économiques, sanitaires et environnementaux de la consommation de produits agroalimentaires par rapport aux produits locaux.

Les ateliers de COFERSA sont des espaces précieux pour la formation, l’échange et la définition de stratégies. L'année dernière, la convergence a rassemblé les membres de 40 pour une formation sur la «production de semences agro-écologique» des journées 5. Lors de cette réunion, la COFERSA a pu élaborer une stratégie, un plan d’action et un suivi pour la production de semences locales au sein de la convergence et pour ses membres. Les principaux points abordés lors des formations sont la recherche, la production, la conservation, la diffusion, le renforcement et le partage des capacités, l’information et le plaidoyer. Les résultats des formations sont non seulement très prometteurs pour la COFERSA, mais en général pour les semences paysannes au Mali et pour le mouvement agro-écologique.

Autant il est clair que la lutte pour la souveraineté alimentaire ne peut être gagnée sans un contrôle sur les semences, ni sans la participation cruciale des mouvements de femmes.

À propos de l'auteur:
Anne Berson est coordinatrice de programme en Afrique de l'Ouest et agro-environnementaliste à BEDE (Biodiversité: échange et diffusion d'expériences).

 

 

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