A l'occasion de l'anniversaire de Laudato Si ', les évêques du Mozambique appellent au respect des droits fonciers - CIDSE

À l'occasion de l'anniversaire de Laudato Si ', les évêques du Mozambique appellent au respect des droits fonciers

Pour marquer le deuxième anniversaire de l'encyclique du pape François Laudato Si ' , la Conférence des évêques du Mozambique a publié une lettre pastorale invitant les acteurs sociaux, religieux, économiques et politiques à prendre soin de notre foyer commun et à rechercher ensemble ce qu’il ya de mieux pour leur pays et pour ceux qui l’habitent.

La lettre pastorale traite spécifiquement de l'accaparement des terres au Mozambique, qui déplace les petites exploitations agricoles familiales de leurs terres et les prive de la possibilité de produire de la nourriture pour nourrir leurs familles et leurs communautés. "Cette question", ajoute-t-il, "est aggravée par l'ambition globale de l'agarisme, de l'extraction et de la transformation des ressources minérales, de l'agroalimentaire, des biocarburants et de la mise en œuvre de mégaprojets dont les intentions réelles sont souvent mal définies".

La lettre indique qu’un million d’hectares de terres africaines ont été vendus ou cédés à des étrangers entre 56 et 2000, ce qui démontre que “les entreprises et les gouvernements des pays industrialisés cherchent en Afrique une solution à la crise énergétique et alimentaire mondiale de leur propre pays et ne cherchent pas nécessairement à contribuer à la résolution des problèmes de l'Afrique ou des Mozambicains. En fait, comme le pape Francis le prévient, les pays de l'hémisphère nord devraient plutôt payer une "dette écologique" aux pays de l'hémisphère sud ».

Selon la Banque nationale du Mozambique, dans 2013, le pays était la troisième destination des investissements étrangers directs les plus convoités en Afrique. Ces investissements, soutenus par des entités telles que la Banque mondiale et la Nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle du G8, comprennent l’achat de 535, 539 hectares pour les projets agro-industriels et 40 pour cent des terres arables du pays pour les cultures de biocarburants.

La lettre explique également comment les mégaprojets provoquent des conflits fonciers, malgré la reconnaissance légale des lois foncières coutumières qui pourraient empêcher le décapage et la prise de possession de terres. Ces lois sont en grande partie ignorées et ne sont pas mises en œuvre au profit des investisseurs. Les évêques s'inquiètent du fait que les communautés locales sont contraintes d'abandonner leurs terres et les paysans sont poussés vers l'agriculture industrielle sous la fausse promesse d'un emploi stable et de rendements plus élevés. «… Le produit de l'agro-industrie n'a pas la capacité de fournir la population locale mais est destiné à l'exportation, donc le paysan est sans terre, sans travail et sans nourriture, qu'il doit ensuite acheter au prix d'importation», écrit le évêques.

Face à cette situation, la lettre appelle l'Assemblée de la République et d'autres organes législatifs à créer des lois empêchant les étrangers et les sociétés multinationales d'accéder à la terre et à donner la priorité aux communautés locales.

Les évêques évoquent la critique du système économique néolibéral par le pape François et sa promotion du consumérisme, en soulignant que ce modèle offense profondément la culture et les traditions du peuple mozambicain qui entretient avec la terre une relation qui dépasse le cadre de son utilisation simplement pour un profit. La «consommation massive», disent-ils, «signifie la production de masse, et la production de masse signifie l'épuisement rapide des ressources naturelles non renouvelables». Cela viole la relation vitale que les gens entretiennent avec la terre, qui les relie à leurs ancêtres et à la nature, et constitue une garantie de vie pour leurs familles et leurs communautés.

Les évêques avertissent que ce qui est en jeu au Mozambique, c’est l’occasion manquée de promouvoir une écologie intégrale et de mettre en place un modèle de développement inclusif et respectueux de tous, en particulier des plus vulnérables qui manquent d’informations sur leurs droits, le pouvoir économique à développer. solutions alternatives, et doivent faire entendre leur voix.

"En bref, le problème de la terre n'est pas un problème isolé ou limité à l'aspect économique. C'est une affaire sociale, culturelle et religieuse. Nous ne pouvons travailler pour la paix sans prendre soin de la nature et de la justice sociale. Nous ne pouvons pas nous habituer à voir comment le travail décent est détruit, les familles expulsées, les paysans écartés et la nature abusée. C'est pourquoi, comme l'a dit le pape François lors de la rencontre avec les mouvements populaires, nous devons œuvrer pour une alternative humaine à la mondialisation de l'indifférence et mettre en place une économie au service du peuple, construire la paix et la justice et défendre la Terre nourricière ».

En 2025, le Mozambique célébrera les années d'indépendance de 50, et les évêques notent que le meilleur moyen de célébrer cet événement dans la paix et la fraternité est de: introduire une réforme agraire pour corriger les impacts négatifs des politiques économiques et agraires en cours, et qui aborde les complexités de la crise socio-environnementale.

Enfin, la lettre appelle tous les citoyens du Mozambique à prendre soin de notre foyer commun en acceptant la responsabilité que nous avons l'un envers l'autre, prendre des mesures dans nos vies personnelles, sociales, économiques et politiques pour défendre les droits fonciers et ne pas accepter un modèle de développement qui privilégie le profit au détriment de la dignité humaine.

«Nous ne devons pas accepter une société dont l’économie est centrée sur l’idolâtrie de la monnaie. Ne collaborons pas avec une économie qui tue. Essayons de consommer les produits locaux produits par nos agriculteurs, nos voisins. Nous ne devrions pas accepter un modèle de vie consumériste. Nous ne devons pas accepter et assister à la destruction massive des fleurs, des plantes et des animaux. ”

C’est un message qui s’adresse à nous tous et en cet anniversaire de Laudato Si ' nous devons prendre des mesures concrètes pour veiller à ce que l'accaparement des terres et les autres injustices contre la Terre et ses habitants cessent et que tous, y compris les générations futures, puissent vivre en harmonie avec la nature.

Voir ci-dessous la lettre pastorale complète en pièce jointe (disponible en portugais et anglais).

Lettre pastorale 2017 de la conférence épiscopale PT-Mozambique
EN-Lettre pastorale de la conférence épiscopale du Mozambique 2017

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