Après le vote du Parlement européen sur la finance durable, nous réfléchissons aux mesures manquantes dans le domaine des investissements pour éviter la perte de nombreuses vies et la perturbation des communautés.
Le 14 mai, le Parlement européen a voté en faveur du rapport sur la finance durable promu par le groupe des Verts / ALE, à la suite de la publication du plan d'action de l'UE sur la finance durable par la Commission européenne le 29 mars. Le rapport approuvé par le Parlement définit sa position en faveur d'investissements plus attentifs aux effets sur le climat et l'environnement, y compris des mesures telles que la vérification de la conformité des portefeuilles des institutions financières avec l'Accord de Paris.
Il s’agit d’un pas important vers la justice climatique et la réalisation des objectifs climatiques fixés par l’accord de Paris, mais une ambition plus grande est nécessaire d’inclure des mesures pour que les investissements tiennent compte du climat, de l’environnement ainsi que de la vie des personnes qui y vivent. Notre vue a été façonnée par plusieurs conversations et rencontres avec des représentants de communautés extra-européennes touchées par les activités de sociétés multinationales financées au moins partiellement par des banques européennes.
Molly Scott, la principale promotrice du rapport sur la finance durable, a reconnu hier dans une déclaration communiqué de presse les droits de l'homme et l'impact social des investissements devraient être davantage pris en compte dans les investissements. Nous nous associons à sa voix pour dire qu'au niveau de l'UE, une diligence raisonnable devrait être présente pour les investissements. Cela est essentiel pour éviter que les investissements dans le monde ne nuisent aux vies humaines et que les moyens de subsistance des communautés dans lesquelles les projets sont mis en œuvre soient respectés et protégés.
Le cas de l'éclatement du barrage de Fundão à Mariana, au Brésil, est un exemple de catastrophe qui aurait pu être évitée si une approche de diligence raisonnable était mise en place. La «catastrophe de Mariana», explorée par la CIDSE dans ce dossier multimédia, a entraîné de nombreuses destructions, notamment la mort de 19, la destruction de nombreux villages et la pollution des rivières environnantes. Les banques européennes HSBC et BNP Paribas ont participé au financement de la société exploitant le barrage, Samarco Mineração SA.
Le cas a été analysé dans le rapport “Sales profits”, Publié en mai 2018 par l'organisation Facing Finance. Le rapport expose en quoi les investissements de dix banques européennes dans dix sociétés extractives violent continuellement les droits de l'homme et nuisent à l'environnement. Selon le rapport, il est difficile de savoir si les banques impliquées dans Samarco ont correctement exercé leur devoir de diligence. S'ils l'avaient fait, le rapport indique qu'ils auraient dû découvrir que la société avait omis à plusieurs reprises de respecter les mesures de sécurité de base et les normes de protection de l'environnement, notamment l'absence de plan d'évacuation d'urgence pour le barrage de Fundão, une obligation légale au Brésil pour les barrages classé comme ayant un fort potentiel de causer des dommages.
Cet exemple tragique, comme les autres analysés dans le rapport Dirty Profits, souligne à quel point il est important de garantir que les investisseurs et les citoyens européens sont convaincus que leurs investissements, leur épargne et leurs retraites ne sont pas utilisés pour financer des entreprises contraires à l'éthique. Qu'ils ne contribuent pas au changement climatique et ne détruisent pas la vie des gens à l'autre bout du monde.
Une analyse approfondie des investissements et une nouvelle approche plus transparente du financement pourraient sauver de nombreuses vies.