Appel des acteurs catholiques au Conseil d’Administration du Fonds des Pertes et Dommages – CIDSE

Appel des acteurs catholiques au Conseil du Fonds des Pertes et Dommages

La première réunion du conseil d'administration du Fonds pour pertes et dommages établi lors de la COP28 à Dubaï aura lieu à Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis, du 30 avril au 2 mai 2024. En amont de cet événement important, la CIDSE et Caritas Internationalis ont envoyé une lettre aux membres du Conseil d'administration pour les féliciter pour leur nomination et pour décrire ce qui, à leur avis, devrait être les priorités du conseil d'administration.


Chers membres du conseil d’administration du Fonds des pertes et dommages,

Félicitations pour votre nomination au conseil d'administration du Fonds des pertes et dommages (LDF). Nous vous sommes reconnaissants d’avoir accepté cette responsabilité et de votre engagement dans une tâche aussi importante. Nous comprenons l’urgence du moment et les immenses défis posés par le changement climatique. Le succès du FDL est crucial pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, soutenir les communautés en première ligne des impacts climatiques et faire progresser un monde plus équitable et plus juste.

En tant qu’organisations catholiques fortement présentes dans plus de 160 pays, inspirées par les enseignements du pape François et les enseignements sociaux catholiques, nous nous engageons à répondre à la fois au « cri de la terre et au cri des pauvres ». Guidés par le développement humain intégral, nous croyons au potentiel de chacun à s’épanouir. Nous sommes témoins des impacts dévastateurs des catastrophes climatiques à travers le monde, des sécheresses et typhons aux cyclones et autres événements météorologiques extrêmes. Ces événements entraînent des pertes et des dommages qui affectent les membres les plus vulnérables de notre communauté mondiale, les privant de leur bien-être physique, financier, naturel, social, psychologique, spirituel et humain. Compte tenu du contexte, nous vous invitons fortement à agir sur les priorités décrites dans cette lettre.

En 2023, plus de 600 chefs religieux du monde entier ont signé une déclaration intitulé « Pertes et dommages : arguments moraux en faveur de l'action », décrivant les principales priorités du Fonds pour les pertes et dommages :

  1. Le fonds doit être accessible, garantissant que les communautés dans le besoin dans les pays du Sud reçoivent l’argent dont elles ont besoin pour se relever et être maîtres de leur propre avenir.
  2. Le fonds doit être complet, soutenant à la fois les réponses aux pertes et dommages économiques et non économiques, liés aux événements météorologiques extrêmes et aux événements à évolution lente tels que l’élévation du niveau de la mer et la désertification.
  3. Le fonds doit être réparateur, en accordant des subventions et non des prêts basés sur le principe du pollueur-payeur.
  4. Le fonds doit être représentatif, soutenu par les garanties des droits de l’homme et le principe de subsidiarité, et gouverné par un conseil d’administration équitable agissant dans l’intérêt commun.
  5. Le fonds doit être efficient et efficace, fournir une réponse rapide en cas de catastrophe, un soutien à long terme pour se protéger contre les dommages futurs et agir en tant que fonds mondial phare pour faire face aux pertes et aux dommages, aux côtés d'autres accords de financement.

Alors que le Conseil commence ses travaux, nous vous invitons à prendre en compte ces priorités importantes, qui ont été éclairées par une réflexion morale et notre expérience au service des communautés du monde entier et en répondant à leurs besoins. Concrètement, nous vous appelons à :

  • Veiller rapidement (au plus tard le 12 juin) à ce que la Banque mondiale puisse accueillir le FDL en tant que fonds intermédiaire financier, comme indiqué dans le texte de la décision de la COP28. . Dans le cas où la Banque mondiale ne serait pas en mesure d'héberger le FDL, le conseil d'administration doit alors agir rapidement pour demander à la Conférence des Parties (COP) et à la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l'Accord de Paris (CAMA) de opérationnaliser le Fonds en tant qu’institution indépendante et autonome. À ce stade, la transparence doit être respectée pour garantir la confiance.
  • Garantir des modalités de financement accessibles, efficaces et sans dette. Le remboursement de la dette paralyse de nombreux pays en développement et ceux qui sont particulièrement vulnérables aux risques climatiques. Le financement climatique des pays développés, souvent fourni sous forme de prêts, ne doit pas être pérennisé par le FDL. Il doit également ouvrir la voie à de petites subventions permettant aux groupes vulnérables de recevoir directement le financement urgent dont ils ont désespérément besoin pour reconstruire leur vie et leurs moyens de subsistance.
  • Tout en garantissant que l'objectif principal du FDL est de remédier aux pertes et dommages (définis comme les impacts climatiques ex post), réfléchissez également à la manière dont ce financement peut soutenir et compléter les initiatives qui renforcent la résilience climatique, en reconnaissant que prévenir les pertes et dommages futurs est une priorité pour communautés touchées.
  • Apporter une perspective holistique aux objectifs du FDL et éviter la distinction entre pertes et dommages économiques et non économiques. Les pertes et dommages induits par le climat vont au-delà des biens matériels et englobent la perte de terres anciennes, de cultures, de modes de vie, de foi, de santé mentale et d’êtres chers. Reconnaître que les pertes et dommages non économiques ont des impacts économiques tangibles est crucial pour traiter toute l’ampleur des pertes et dommages.
  • Le FDL doit donner la priorité à l’amplification des voix et des expériences des communautés et des pays vulnérables au climat. Elle doit également s’attaquer à l’impact aigu des pertes et des dommages sur la production alimentaire et la sécurité alimentaire. Il est essentiel d’intégrer une approche axée sur les systèmes alimentaires dans sa programmation, notamment en soutenant des initiatives qui apportent une aide globale immédiate aux communautés aux prises avec la faim et la malnutrition dues au changement climatique. De plus, le conseil doit veiller à ce que la réhabilitation des terres agricoles détruites par les impacts climatiques soit à la fois durable et résiliente.
  • Une nouvelle stratégie de collecte de fonds à long terme pour garantir que le Fonds dispose des ressources nécessaires pour remplir son objectif et répondre à l'ampleur réelle des besoins. Cela doit inclure la spécification de la relation entre le FDL et les modalités de financement. Pour des raisons de transparence, d'efficience et d'efficacité, il sera essentiel que le conseil d'administration précise comment le fonds LDF agira en tant que « plate-forme pour faciliter la coordination et la complémentarité dans le cadre de l'accord de financement ».

Nous espérons sincèrement que le conseil travaillera de manière collaborative, efficace et efficiente pour aider les personnes les plus vulnérables qui souffrent de la crise climatique, en particulier les femmes, les jeunes, les handicapés, les personnes âgées et les peuples autochtones qui sont particulièrement touchés. Nous sommes impatients de travailler en étroite collaboration avec vous sur cette question cruciale et espérons ensemble que nous pourrons mieux garantir que le FDL tiendra sa promesse envers ceux qui en ont cruellement besoin, dont la vie a été affectée par le changement climatique. Au milieu des temps les plus difficiles, ce Fonds sert de lueur d’espoir et détient le pouvoir de faire une différence significative dans la vie de ceux qui en ont le plus besoin.


Opérationnalisation des nouveaux dispositifs de financement, y compris un fonds, pour répondre aux pertes et dommages mentionnés aux paragraphes 2 et 3 des décisions 2/CP.27 et 2/CMA.4. Projet de décision -/CP.28 -/CMA.5. Proposition du Président (unfccc.int)

Rapport de la Conférence des Parties sur sa vingt-huitième session. Addendum (unfccc.int)


Photo de couverture : Manifestation à la conférence COP28 à Dubaï, novembre 2023.
Crédit : CIDSE.

Personne de contact CIDSE : Lydia Machaka, responsable de l'énergie et de l'extractivisme (machaka(at)cidse.org)

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