«Note à tous les évêques: prenez le bus!» - CIDSE

"Note à tous les évêques: prenez le bus!"

Le pape François a publié sa première exhortation apostolique, Evangelii Gaudium, fin novembre. CIDSE a immédiatement accueilli le texte comme plaçant les pauvres et les vulnérables au cœur de l’évangélisation et a demandé à James E. Hug, SJ, une analyse plus approfondie, qu’il a bien voulu écrire pour nous.

Evangelii Gaudium est clairement une vision pastorale enracinée d'un homme qui a pris le bus pour aller travailler et passé du temps avec les pauvres dans les barrios. Malgré tous les efforts pour insister sur le fait que le pape François est en harmonie avec les doctrines traditionnelles de l'Église et les enseignements de Benoît XVI, il a déplacé l'attention de l'orthodoxie doctrinale vers les besoins et les soins pastoraux. Il montre une extraordinaire préoccupation pastorale pour les personnes piégées dans la pauvreté et un grand respect pour leur foi non scolarisée mais inspirée par l'Esprit. Il se réfère à la «spiritualité populaire» comme «le mysticisme du peuple», insistant sur le fait que les expressions de la piété populaire sont inspirées par le Saint-Esprit.

Le plus important pour les organisations membres de la CIDSE et la mission que nous partageons: ce document devrait mettre fin (au moins pour un temps) aux attaques de «culpabilité par association» pour collaboration avec des partenaires internationaux qui ne partagent pas toutes les positions morales catholiques. Sous la rubrique de ne pas «coopérer avec le mal», les attaques ont dégradé et sapé le développement efficace et le travail caritatif, divisé la communauté ecclésiale et réduit considérablement les ressources disponibles pour servir ceux qui en ont le plus besoin. 

François prend un détour très clair et net de l'idéologie selon laquelle les catholiques devraient éviter tout contact avec des personnes et des organisations ayant des croyances opposées. Son appel pour une Église qui se salisse les pieds dans son engagement avec le monde et pour l'ouverture et le dialogue respectueux avec ceux avec qui nous ne sommes pas d'accord soutient la pratique de longue date de la CIDSE. Il rappelle les histoires de Jésus partageant les repas et restant avec ceux considérés comme des pécheurs corrompant la sainteté d'Israël par les pharisiens de son temps.

Son attention aux dimensions structurelles et sociétales des maux comme le consumérisme et les inégalités et son appel à une réflexion renouvelée sur le développement dans un contexte de solidarité mondiale soutiendront les messages des organisations membres de la CIDSE dans leurs pays d'origine. Son courage et sa franchise pour contester des choses comme la «théorie des retombées» peuvent rendre possible une nouvelle discussion de ces questions.

François opère également un changement de perspective important sur les problèmes de souffrance sociale quand il ne demande PAS «comment un Dieu bon pourrait-il permettre que cela se produise / continue? MAIS "comment pensez-vous que Dieu évalue la situation dans laquelle les gens souffrent et les gens qui pourraient aider ne le font pas?" Les responsables des communications de la CIDSE devraient se précipiter pour diffuser cette déclaration!

Enfin, je soupçonne que l'une des contributions majeures à long terme au développement de l'Église est l'attention que François accorde à la différence des cultures et à la nécessité de les respecter. C'est une ouverture importante à une discussion plus approfondie sur l'inculturation du message évangélique auquel la vaste expérience internationale de la CIDSE peut apporter d'importantes contributions.

Francis nous oriente sur une nouvelle voie, qui fait cruellement défaut dans le monde d'aujourd'hui. Les organisations membres de la CIDSE feraient bien de parler avec leurs évêques et de les exhorter à ne pas rater ce bus.

James E. Hug, SJ

Père Hug est un auteur qui écrit sur Catholic Social Teaching et ancien président de Center of Concern, l'organisation membre de la CIDSE aux États-Unis.

Réaction directe de la CIDSE sur le texte

Bernd Nilles, secrétaire général de la CIDSE, parle à Evangelii Gaudium à Radio Vatican

Partager ce contenu sur les médias sociaux