La COP28 propose une transition vers l’abandon des combustibles fossiles, mais la justice climatique exige davantage d’action
En tant qu’acteurs catholiques, la CIDSE et ses membres se tournaient vers la COP28 avec l’espoir de voir une plus grande solidarité et une plus grande justice climatique dans ce processus. Le résultat de la COP28 à Dubaï propose enfin une transition vers l'abandon des combustibles fossiles, mais avec un langage faible et un texte rempli de lacunes qui reflètent le manque d'engagement des pays développés à assumer la responsabilité du changement climatique, les plus notables étant sur de fausses solutions et une élimination complète des combustibles fossiles. Même si la CIDSE salue les engagements des parties à remédier aux pertes et dommages (L&D), il est évident qu'une action plus ambitieuse et immédiate en matière d'atténuation, d'adaptation et de financement est essentielle pour réduire l'augmentation des émissions de carbone afin d'atteindre l'objectif de 1.5°C et de faire face à l'aggravation des émissions. impacts du changement climatique.
La CIDSE reconnaît les progrès réalisés lors de la COP28, en particulier la mise en œuvre du Fonds pour les pertes et dommages et le Réseau de Santiago pour les pertes et dommages. Ceci est important car de nombreux pays en développement ont du mal à mobiliser des ressources suffisantes pour faire face aux pertes et dommages économiques et non économiques. Alors que traditionnellement l’accent a été mis sur les efforts d’atténuation visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, la mise en place d’un fonds pour les pertes et dommages climatiques peut être considérée comme une étape vers l’équité, même sans progrès substantiels dans les efforts mondiaux d’atténuation.
Afin de faciliter la transition mondiale vers une énergie propre et de lutter efficacement contre l’adaptation et les pertes et dommages, les pays en développement doivent être assurés d’un soutien continu de la part des pays développés, qui doit être inscrit dans le Nouvel Objectif Collectif Quantifié (NCQG).
Au lendemain de la COP28, la CIDSE reste ferme dans son engagement à plaider en faveur d’un changement transformateur. Nous intensifierons nos efforts de sensibilisation, mobiliserons des campagnes d’action climatique et travaillerons en collaboration avec nos membres et partenaires pour promouvoir des politiques et des actions qui correspondent au niveau d’ambition et de transformation requis pour lutter contre la crise climatique.
Josianne Gauthier, CIDSE : « Nous avons un accord qui, pour la première fois, éclaire le début de la fin de l’ère des combustibles fossiles. Nous avons constaté un grand engagement de la part d’acteurs du monde entier. Cependant, le résultat ne reflète pas pleinement l’urgence de l’action climatique ni la réalité à laquelle sont confrontées les nations les plus vulnérables du monde. Les pays producteurs de combustibles fossiles et les riches États occidentaux n’ont pas fait preuve du courage de vaincre l’avidité et leur mode de vie. Ce faisant, nous continuons d’ignorer les demandes des peuples autochtones, des mouvements de jeunesse et des pays vulnérables d’abandonner notre dépendance aux combustibles fossiles d’une manière juste, rapide, financée et pour toujours. Il n’y a pas de temps pour les distractions ou les fausses solutions ; la science est claire, il n’y a pas d’autre alternative que d’éviter une catastrophe climatique. Sans plan d’adaptation ou sans mécanisme de financement juste, réaliste et solidaire, les pays vulnérables se retrouveront sans réelles options pour lutter contre la crise climatique et nous serons tous perdants, en particulier les générations futures. La société civile, les acteurs religieux et les mouvements citoyens continueront à se battre pour la justice climatique, à l'instar de ceux qui reviennent aujourd'hui, après deux semaines de négociations, dans un foyer qui survit quotidiennement aux impacts du changement climatique.. »
Lydia Lehlogonolo Machaka, CIDSE: « Cette année, le pape François nous a rappelé l'importance du multilatéralisme dans ces espaces de prise de décision et la nécessité d'œuvrer pour protéger notre bien commun, et non pour le bien-être de quelques-uns seulement. Les acteurs catholiques présents à Dubaï ont travaillé collectivement pour répondre à l'appel du pape François à l'abandon progressif des combustibles fossiles pour le bien de notre maison commune. Cependant, nous avons vu comment la présence sans précédent de lobbyistes des compagnies pétrolières a influencé les discussions sur le climat, œuvrant néanmoins pour le bien-être de quelques-uns seulement. Les organisations catholiques resteront vigilantes pour garantir que cela ne devienne pas une tendance lors des prochaines négociations en Azerbaïdjan et au Brésil.
Sur le bilan mondial
« Le texte sur le paquet énergie n’est pas une réussite, mais il s’agit d’un pas important dans la bonne direction. Cette réalisation doit son existence à la profonde implication des communautés et de la société civile du monde entier au cours des dernières années. Cela envoie le signal que l’ère des combustibles fossiles touche à sa fin. Mais il comporte des réserves importantes. Il contient de nombreuses failles, la plus importante étant le captage et le stockage du carbone (CSC) et l’approbation des carburants de transition. David Knecht (Fixation).
« Juste avant la fin, le Bilan mondial a pu éviter l’échec et a réussi à apporter des changements de cap essentiels, bien qu’insuffisants à bien des égards. L’attention doit désormais se concentrer sur la mise en œuvre nationale et sur des plans climatiques éclairés afin de ne plus alourdir le fardeau des plus vulnérables..» Madeleine Woerner (Misereor).
Sur l’élimination progressive des combustibles fossiles
« La COP28 met clairement fin à l’ère des systèmes énergétiques fossiles. Il s’agit d’une étape importante vers l’arrêt de la spirale de pauvreté provoquée par l’économie fossile. Cette décision est un signal important adressé aux entreprises et aux banques : chaque centime investi dans les infrastructures de charbon, de pétrole et de gaz est gaspillé. Il est désormais temps de se concentrer sur une mise en œuvre équitable et financée, en excluant les fausses solutions. Nos partenaires savent que 100 % d'énergies renouvelables sont notre avenir. Madeleine Woerner (Misereor)
« La conférence sur le climat de Dubaï n’a pas réussi à adopter le langage clair nécessaire pour remettre le monde sur la bonne voie. Les compromis obtenus constituent un pas dans la bonne direction. Ni plus ni moins. Mais les petits pas et les compromis ne peuvent plus constituer la réponse à l’urgence de la crise climatique mondiale. Il en faut davantage. Les personnes les plus pauvres du monde, qui souffrent déjà aujourd’hui de la crise climatique, doivent continuer d’attendre des mesures ambitieuses.» Stefan Salzmann (Fixation).
Sur les pertes et dommages
« L’accord du premier jour sur le Fonds des pertes et dommages reste en effet une victoire très délicate. L'attention doit maintenant se tourner vers le conseil d'administration du nouveau fonds et vers les futures réunions de la COP qui doivent définir une voie claire pour faire payer les pollueurs. Ce n’est qu’en rendant justice à ceux qui subissent déjà les effets négatifs du changement climatique que l’on pourra prendre toute l’ampleur de l’action climatique. Le P. Léonard Chiti (SCIAF)
Sur la finance climatique
« Lors de la COP28, les pays n’ont pu se mettre d’accord que sur un processus inclusif pour l’élaboration du nouvel objectif collectif quantifié en 2024, mais pas sur des questions substantielles telles que l’inclusion d’un pilier de financement des pertes et dommages dans le nouvel objectif. Ce manque actuel de consensus exerce une immense pression sur la COP29 pour qu’elle apporte un soutien futur, en particulier aux pays les plus vulnérables. Martin Krenn (KOO).
Sur l'alimentation et l'agriculture
« La soi-disant « Food COP » s’est avérée être un événement de greenwashing avec de nombreux engagements audacieux en faveur d’une agriculture et de systèmes alimentaires plus respectueux du climat. Des déclarations non contraignantes et des déclarations qui ne mentionnent même pas le gros éléphant dans la pièce : le système alimentaire fortement basé sur les combustibles fossiles. Il leur manque une vision claire de l’agroécologie, qui s’est avérée capable de développer une haute résilience et une faible émission de carbone. Anika Schröder (Misereor)
FIN
NOTES AUX RÉDACTEURS EN CHEF
La CIDSE est une famille internationale d’organisations catholiques œuvrant pour la justice sociale. Avec nos partenaires et allié·es du monde entier, nous nous employons à promouvoir la justice en mobilisant le pouvoir de la solidarité mondiale afin de parvenir à un changement transformationnel en faveur des peuples et de la planète. Nous dénonçons les injustices systémiques et leurs impacts destructeurs et soutenons des alternatives environnementales et sociales justes pour permettre à toutes et à tous de s’épanouir dans notre maison commune. Toute l’action de la CIDSE s’inspire de la doctrine sociale de l'Église et des valeurs de l’Évangile. www.cidse.org
Les membres de la CIDSE sont : Broederlijk Delen (Belgique), CAFOD (Angleterre et Pays de Galles), CCFD-Terre Solidaire (France), Cordaid (Pays-Bas), Développement & Paix (Canada), Entraide et Fraternité (Belgique), eRko (Slovaquie), Fastenaktion (Suisse), FEC (Portugal), FOCSIV (Italie), Partage Lu (Luxembourg), KOO (Autriche), Manos Unidas (Espagne), Maryknoll Office for Global Concerns (États-Unis), MISEREOR (Allemagne), SCIAF (Écosse) , Trócaire (Irlande), Vastenactie (Pays-Bas).
Pour plus d'informations sur les activités de la CIDSE à la COP28, visitez notre page web.
CONTACT MEDIA
Carmen Contreras, chargée de communication de la CIDSE, contreras(at)cidse.org
Image de couverture : Marche pour le climat à la COP28 à Dubaï. Décembre 2023. Crédit : CIDSE